Une école créée par Pierre Couvrat

Créée en 1993, à Poitiers, par le Doyen Pierre Couvrat, l’École doctorale n° 88 est devenue en 2008 une École doctorale en Droit et Science politique (DSP). Elle porte aujourd’hui le nom de son fondateur, disparu en 2004.
L’objectif principal du rapprochement des juristes et des politistes des deux Universités est le renforcement de l’encadrement de la recherche doctorale et de la formation des doctorants pendant la préparation de leur thèse.

L’École doctorale Droit et Science Politique Pierre Couvrat se structure autour d’un Bureau et d’un Conseil. Le Bureau de l’École doctorale comprend son directeur et le responsable administratif. Actuellement, la directrice de l’école est Marguerite CANEDO, Professeur à l’Université de Poitiers.

Le Conseil de l’École doctorale comprend 20 membres : dix enseignants-chercheurs, deux membres du personnel administratif, trois personnalités extérieures, et cinq doctorants.
Le Conseil adopte le programme d’actions de l’École doctorale qui est mis en œuvre par le bureau et le directeur de l’École doctorale. Il se réunit en moyenne trois fois par an.

La mission de l’École doctorale Droit et Science Politique Pierre Couvrat est double. Elle est d’abord de suivre les étudiants juristes et politistes inscrits en thèse dans chacune des universités partenaires, de leur inscription jusqu’aux opérations de soutenance. Elle est ensuite de préparer leur avenir par des actions favorisant leur intégration professionnelle. Cette double mission justifie que l’École doctorale, parallèlement au travail de recherche encadré par le directeur de thèse, organise et coordonne la formation doctorale dont le suivi est obligatoire pour chaque doctorant.

 

Pierre Couvrat

(1935-2004)

Pierre Couvrat est entré à la Faculté de droit de Poitiers comme étudiant en 1954. IL y a vécu cinquante ans. Quelques semaines avant sa mort, il y faisait soutenir la thèse de sa dernière doctorante. Quelques jours avant sa mort, il avait participé à une soutenance de thèse à Montpellier et à une soutenance de HDR à La Rochelle.

Sa faculté, d’autres lieux d’enseignement proches (Tours, Limoges, la Rochelle), tout un réseau en France et à l’étranger (comment ne pas citer le Liban ?), les étudiants et en particulier les doctorants, tout particulièrement étrangers, jeunes dont la gaieté permanente lui faisait oublier qu’il prenait de l’âge, beaucoup d’’amitiés avec des juristes français ou francophones parmi les plus libéraux et ouverts aux autres sciences sociales, une probité à toute épreuve, le sens de l’accueil et de la fête   :  quelques mots qui caractérisent l’homme que nous avons eu le bonheur de connaitre.

La carrière professionnelle, bibliographie comprise, de Pierre Couvrat est présentée en tête des « mélanges » qui lui ont été offerts le jour de son soixante sixième anniversaire (Mélanges offerts à Pierre Couvrat, La sanction du droit, publications de la Faculté de droit et des sciences sociales de Poitiers, n°39, aux Presses universitaires de France en 2001). Elle commence en 1965 par la publication de sa thèse consacrée aux agences de voyage et se termine à la présidence du conseil scientifique de la mission ministérielle de recherche Droit et Justice. Entre temps, Pierre Couvrat a servi en tout premier lieu sa faculté au sein d’une université pluridisciplinaire dont il appréciait l’existence : professeur agrégé en 1969 ; directeur de l’Institut de sciences criminelles (1970-1977) ; doyen (1977 à 1981) ; premier responsable (1992) de l’Equipe poitevine de recherche et d’encadrement doctoral (EPED) en sciences criminelles et premier directeur (1993-1999) de l’Ecole doctorale Sciences juridiques qui porte aujourdh’ui son nom.

Au-delà, il se consacra, aux plus hautes responsabilités, à la Revue de science criminelle et de droit pénal comparé ainsi qu’à l’Association française de criminologie, deux lieux d’expression d’une recherche ouverte et d’une politique criminelle raisonnablement libérale.

Agrégé de « doit privé et sciences criminelles », Pierre Couvrat se consacra au droit pénal sans s’y enfermer. « Pénaliste », il enseigna tous les fondamentaux de la discipline : droit pénal général et spécial, procédure pénale, s’intéressant de plus en plus à l’exécution des peines et au droit des victimes. Hors des murs – ceux de l’université et ceux de la prison – il assura un temps la présidence de l’Association d’aide aux justiciables du département de la Vienne (AJUDEVI). « Privatiste », il choisit, à la fin de sa carrière, d’enseigner en maitrise le droit des régimes matrimoniaux, hommage, disait-il, à Gérard Cornu, son maître vénéré. Toutes disciplines confondues, il fut, en 1996, à l’initiative de la première édition commentée du Code de la route Dalloz.

Retenons quelques phrases en hommage à Pierre, prononcées à l’occasion de la remise de ses mélanges, de ses obsèques ou de l’inauguration de l’amphithéâtre qui porte désormais son nom. Douceur, chaleur et rigueur en sont les maîtres mots.

Parmi les maîtres qu’il chérissait : « Vous avez été l’homme des échanges et de la concertation. Vous avez bien montré que conciliation et médiation étaient dans vos cordes, humaines et scientifiques.  Ecoutant l’un et l’autre, dans votre esprit, vous êtes arbitral. Que votre modestie le supporte : la probité est la maxime de votre pensée. » (Gérard Cornu). « Nous lui avons dit adieu un matin de décembre, dans l’église romane de Saint-Benoît qui lui ressemble tant par sa simplicité apparemment austère, adoucie par les fragments de fresques aux couleurs passées du temps. Comme elle, Pierre Couvrat n’a jamais réussi à cacher, sous une sévérité apparente, son inaltérable douceur et sa profonde bonté » (Mireille Delmas-Marty).

Parmi ses élèves : « Homme mince, frêle autant que fort, preste, élégant, jamais chaudement vêtu, même en hiver, comme si la température n’était pas habilitée à lui rappeler que le froid peut aussi habiter corps et âme (…) Ce sourire qui, marié à la rectitude était toujours tendu comme le passeport le plus sûr et le plus délicat délivré à ceux qui s’en approchaient. » « Votre profond respect de la pensée et de la personnalité d’autrui, votre désir du partage intellectuel, plus encore votre délicatesse, votre bienveillance, votre modestie vraie, la fidélité et la chaleur de votre amitié ». « Pour rire, manger ou travailler, pour parler ou pour écrire, pour noter ou pour être noté, avec toi on se sentait toujours bien, toujours en confiance, en progrès. »

M.M.